Psychologie, éducation & enseignement spécialisé
(Site créé et animé par Daniel Calin)

Lire, écrire : entrer dans la culture écrite

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Introduction

L’entrée dans la culture écrite est un thème d’actualité toujours à vif : l’échec en ce domaine est de plus en plus socialement invalidant. Tous les professionnels sérieux savent que c’est là une question pédagogique d’une extrême complexité. Mais la tentation est grande, tant pour des “chercheurs” en mal de carrière que pour des politiciens en mal de réélection, de se lancer dans des simplifications démagogiques ou des imprécations paranoïdes.

Ces pratiques politico-“scientifiques” détestables ont commencé durant les années 1990 par la relance du concept faisandé de “dyslexie” par des clones français des neurocomportementalistes américains, bien vite relayés par notre chère “gauche” gouvernante. Ces agitations ont débouché sur la circulaire n° 2002-024 du 31 janvier 2002, cosignée par le gratin de la “gauche” caviar, dont Lang, Royal et Kouchner, portant sur la mise en œuvre d’un plan d’action pour les enfants atteints d’un trouble spécifique du langage oral ou écrit. Ce texte réglementaire, toujours en vigueur, organise la propagande en faveur de ces concepts filandreux, le financement de “recherches” destinées à les justifier, la médicalisation des difficultés scolaires (la seule mesure concrète qu’elle contient est l’augmentation du nombre d’orthophonistes !) et le dépistage de la “dyslexie” dès 3 ans !

À l’automne 2005, on est passé à la vitesse supérieure avec l’inénarrable Robien, ministricule des Écoles en mal de visibilité. Le ci-devant, flanqué d’une maigre troupe de troubles sbires, s’est lancé dans la promotion des pratiques d’enseignement les plus rétrogrades et la mise en accusation systématique des enseignants, de leurs formateurs et de leurs autorités académiques. Démagogie et paranoïa : les médias se sont empressés de relayer massivement ces délires, avec toute la servilité et la bêtise dont ils sont capables. Ce show s’est traduit réglementairement par la circulaire n° 2006-003 du 3 janvier 2006 intitulée Apprendre à lire, d’une confondante stupidité, puis par une modification des programmes officiels par l’arrêté du 24 mars 2006, assez anodine à vrai dire, probablement rabotée par une haute administration mieux informée que son ministre de passage.

Ces guignoleries auraient pu en rester là, en attendant un nouveau ministre un peu moins irresponsable. Comme les temps sont décidément à la fascisation, il n’en est rien. Bien au contraire : Robien a lancé une véritable chasse aux sorcières, qui n’a pas d’antécédents depuis le régime de Vichy : mise à l’écart de Roland Goigoux, universitaire non conforme, procédure disciplinaire contre Pierre Frackowiak, inspecteur désobéissant, pressions sur les municipalités pour leur faire adopter les “bons” manuels, pressions sur les enseignants de CP récalcitrants, appels à la délation...

Le pire était encore à venir : élection d’un président fascistoïde à troubles envahissants du comportement, nomination de Xavier Darcos au Ministère des écoles, un redoutable maquignon, non seulement lourdement de droite, mais de plus agrégé de lettres classiques, ce qui lui assure une solide incompétence éducative, presque autant que l’agrégation de philosophie à la ribambelle de mes ex-collègues qui hantent les petites lucarnes en se faisant passer pour le nec plus ultra de la Pensée... Abandon des programmes de 2002, retour aux “fondamen­taux” du temps de la récitation par cœur de la liste complète des préfectures et sous-préfectures, des tables de multiplication et des coups de règle en métal sur les doigts des récalcitrants. Lire, c’est ânonner. C’est bien connu, les ânes votent à droite. Circulez, y’a rien à penser.

Pour résister, ou simplement ne pas désespérer, j’ouvre cette page qui rassemble les textes publiés sur mon site à ce sujet et ouvre sur quelques autres ressources. N’hésitez pas à m’aider à l’enrichir.


La polémique sur la lecture
Les articles sont présentés selon l’ordre inverse de leur publication sur ce site :

De la lecture, et d’autres choses humaines, de Pascal Ourghanlian.
Un superbe petit texte sur la lecture, sur ce que signifie apprendre à lire, “pour de la vraie”. Très loin et très au-dessus des déferlantes d’insanités qui tiennent lieu de “débats” sur ce sujet ces dernières années.

Où va l’École ?, de Pascal Ourghanlian.
Une dénonciation sur le vif des “nouveaux” programmes et autres “réformes” scolaires, justifiées en façade par le souci des élèves en difficulté, destinées en réalité à préparer la marchandisation de la scolarisation.

Simplement humain, de Sylvain Grandserre.
Un salutaire rappel des enseignants à leurs obligations humanistes. Précieux en ces sombres temps de fascisation rampante et généralisée des esprits.

Dix vérités plus une, de Laurent Carle.
En prolongement d’un texte de Sylvain Grandserre (Dix vérités incontournables dans le débat sur la lecture), une protestation de Laurent Carle contre la domination multiforme de ce qu’il appelle le “phonisme” auquel il oppose une lecture conçue comme accès VISUEL au sens des textes.

Dix vérités incontournables dans le débat sur la lecture, de Sylvain Grandserre.
Sylvain Grandserre rappelle ici quelques vérités de base constamment malmenées dans les (pseudo)débats sur la lecture.

De la querelle des méthodes à la Guerre contre l’intelligence, de Laurent Carle.
Face à la flambée néo-pétainiste impulsée par le ci-devant Robien sous prétexte d’enseignement de la lecture, au moment où beaucoup sont tentés de passer des compromis honteux avec de pseudo-chercheurs infréquentables, Laurent Carle développe une réflexion acerbe et sans concessions. Dont quelques petites phrases mémorables, comme “la plupart des enfants ont la délicatesse de tricher sur leur intelligence pour nous aider à croire qu’ils sont aussi bêtes que nous le pensons” ou “lire c’est penser avec les yeux dans l’intention de communiquer”.

Règles de grammaire ou maîtrise de la langue ?, d’Éveline Charmeux.
Toujours en relation avec la dernière lubie du ci-devant Robien, complémentaire à son texte précédent, Mme Charmeux rappelle ici ce qui distingue l’apprentissage traditionnel de la grammaire et l’observation réfléchie de la langue telle qu’elle est définie dans les programmes de 2002.

Nouveau « bouc émissaire » à châtier, selon G. de Robien : La grammaire !, d’Éveline Charmeux.
Ministre éminent du gouvernement le plus déconsidéré de l’histoire de la Vème République, le ci-devant Robien semble décidément doté d’un infaillible radar à détecter la connerie : observant le monde du haut de sa superbe ignorance, dès qu’il croise une manifestation du crétinisme pédagogique, il s’y contemple et s’y précipite à coup sûr. Après avoir redécouvert les vertus analphabétisantes de la méthode syllabique, il vient de redécouvrir celles, plus obscures encore, de l’enseignement traditionnel de la grammaire. Notre inénarrable ministricule s’est donc trouvé un nouveau dada de bataille ! Comme précédemment face aux problématiques sophistiquées de l’apprentissage de la lecture, Éveline Charmeux nous invite à résister à ce nouvel appel à la bêtise, pour apprendre ou réapprendre à manier les armes de l’intelligence dans l’exploration des tours et détours des structurations tortueuses de notre langue.

Étude d’une méthode officielle d’enseignement de la lecture : la méthode « Lire avec Léo et Léa », d’Éveline Charmeux.
Dans son style habituel où se croisent constamment sérieux argumentatif et légèreté humoristique, Éveline Charmeux nous entraîne cette fois au plus près de ce qui est en jeu derrière les débats “théoriques” autour de l’apprentissage de la lecture, si peu déchiffrables par les non-spécialistes. Elle mène une analyse concrète, précise et particulièrement décapante d’un de ces manuels “syllabiques” dont l’actuel faisant fonction de ministre des écoles assure depuis quelques mois manu militari la promotion. On comprendra peut-être mieux pourquoi il lui faut lancer une chasse aux sorcières et menacer du bûcher des professeurs des écoles de niveau bac + 5 pour les convaincre de s’abaisser à un tel degré de stupidité didactique ! Et d’abêtir à ce point les enfants d’aujourd’hui !

Imposer la syllabique... Mais, au fait, la langue française est-elle syllabique ?, d’Éveline Charmeux.
Une nouvelle mise au point d’Eveline Charmeux, qui cette fois interroge, et met sérieusement en doute, le caractère “syllabique” de la langue française écrite. Une analyse percutante !

Monsieur de Robien plus fort que monsieur Jourdain, d’Éveline Charmeux.
Ce petit billet d’Eveline Charmeux complète utilement son texte précédent, en soulignant que les opposants à la “méthode syllabique” que tente d’imposer manu militari l’actuel faisant fonction de ministre des Écoles ne le font pas au nom de la défense d’une fantomatique “méthode globale”, contrairement à ce que le ci-devant Robien et ses maigres troupes clochemerlesques voudraient faire croire. Ils s’opposent en réalité à une tentative de crétinisation de masse des enfants et défendent ce que je nommerais volontiers une approche anthropologique de l’apprentissage de la lecture. Comme l’écrit Mme Charmeux, lire, ce n’est pas ânonner, « c’est une autre manière de vivre ». Les pulsions pétainistes du ci-devant commencent d’ailleurs à cesser d’être surtout comiques. Roland Goigoux, professeur à l’IUFM d’Auvergne et l’un des meilleurs spécialistes actuels de l’apprentissage de la lecture, vient de se faire virer de l’Ecole Supérieure de l’Education Nationale (ESEN), dans laquelle il avait été appelé depuis quelques années pour tenter d’initier les futurs inspecteurs des écoles primaires aux problématiques complexes de l’apprentissage de la lecture. La chasse aux sorcières “globalistes” est déclarée ouverte ! Mais pourquoi donc le ridicule a-t-il cessé de tuer ?

Apprendre à lire par le B.A. BA, c’est apprendre à nager sur un tabouret, d’Éveline Charmeux.
Ce texte se présente comme une Réponse à Rachel Boutonnet. Vous ne connaissez pas Rachel Boutonnet ? Vous avez raison, elle n’en vaut pas la peine. Il s’agit d’une obscure débilette qui a eu la révélation des vertus transcendantales de la “méthode syllabique” au fond de son grenier. Histoire digne tout au plus de figurer dans les faits divers insolites aux côtés des obscurantismes résiduels des campagnes profondes. Jamais Madame Charmeux, grande dame de la pédagogie, n’aurait daigné se pencher sur les hallucinations de cette drôlesse si cette histoire n’avait connu une suite moins banale. C’est que la donzelle, illuminée par sa foi, s’est rendue jusqu’en la bonne ville d’Amiens pour demander audience en son palais au ci-devant Robien, actuel faisant fonction de ministre des écoles. Par on ne sait quelle étrange magie, elle est parvenue à convaincre le fier benêt de la sainteté de ses songeries et conséquemment d’aller bouter les “globalistes” hors de la terre de France, en se fendant illico d’un fier édit les vouant au bûcher. Sécessions en les provinces, procès en sorcelleries, vous connaissez la suite...

Enquête... de légitimité, de Sylvain Grandserre.
Cette fois, Sylvain Grandserre s’attache au démontage d’un sondage commandité et médiatisé par l’actuel faisant fonction de ministre pour justifier son néo-pétainisme pédagogique.

Enseignants : une inquiétante absence de réactions, de Laurent Lescouarch.
Toujours en réaction aux déclarations et à la circulaire de notre ministre “centriste”, Laurent Lescouarch analyse les logiques idéologiques à forte coloration néo-pétainiste à l’œuvre à travers ces discours et s’inquiète à fort juste titre de la faiblesse des réactions du milieu enseignant à ces attaques, voire des complicités rampantes que de tels discours rencontrent.

Vers une police pédagogique ?, de Sylvain Grandserre.
Une vigoureuse protestation à l’encontre de la nouvelle circulaire ministérielle sur l’enseignement de la lecture, particulièrement crasse, mais qui poursuit, comme le note au passage Sylvain Grandserre, une mise en cause du principe de la liberté pédagogique commencée bien avant ce ministricule, en particulier par nos chers ex-gouvernants “de gauche”, Jospin, Lang et Royal en tête.

Quelques bonnes vérités à ... lire !, de Sylvain Grandserre.
Après la réaction de Jacques David aux délires ministériels sur les prétendus ravages de la “méthode globale”, un démontage point par point de ces mensonges d’État à répétition.

Le B-A BA d’un ministre de l’Education nationale peu informé, de Jacques David.
Débordé par les pantalonnades hystériques du gnome préféré de la France de droite, le ci-devant Robien entre dans la course au mur du çon. On l’avait connu plutôt respectable comme maire d’Amiens ou ministre des Transports. Qu’est venu faire à l’Éducation ce Pierrot disjoncté qui semble ne pas connaître les textes qu’il est censé avoir signés ? Doncques, le ci-devant Robien vient d’halluciner une “épidémie de dyslexie” (sic) provoquée selon lui par l’étrange virus de la “méthode globale” (re-sic). Face à ces ébriétés ministérielles, comme précédemment face aux désinformations télévisuelles, Jacques David propose une remise en place des problématiques effectives de l’apprentissage de la lecture.

Télé prise qui croyait pendre, de Sylvain Grandserre.
Après la réaction de Jacques David, un nouveau texte sur les pratiques propagandistes rétrogrades de la télévision publique. Il faut dire qu’après le numéro nostalgique d’une jeune imbécile médiatisée, des spectateurs indignés avaient fait appel au “médiateur” de France 2, suffisamment nombreux pour que ce “médiateur” intervienne quelques jours plus tard ... en organisant une nouvelle farce télévisuelle pour soutenir le pire crétinisme pédagogique ! Voici donc les réactions d’un homme qui se présente lui-même en reprenant le beau titre de “maître d’école”, à l’encontre de ces petites infâmies de nos nouveaux “roquets de garde”.

À la rédaction en chef du journal télévisé de France 2, de Jacques David.
Les “informations” télévisées du 20 heures de France 2, le 15 novembre 2005, comprenaient un “reportage” sur l’enseignement de la lecture en France qui ne donnait la parole qu’aux pires nostalgiques d’un autrefois paradisiaque en ce domaine, à l’évidence purement fantasmatique. Jacques David propose ici une ferme mise au point, en rappelant quelques informations fondamentales sur cette question, et en appelant la direction de France 2 à un minimum de déontologie journalistique. Je partage complètement les analyses de Jacques David... Mais qui pense encore que le “journal” télévisé, même de France 2, a quoi que ce soit à voir avec un travail d’information ?


Textes sur la dyslexie

“DYSLEXIE” : Trouble spécifique du langage oral ou Difficulté persistante des apprentissages ?, de Guy Trigalot.
Un travail à deux volets : un solide bilan historique et actuel de l’état des recherches, suivi d’une réflexion très argumentée sur la prise en charge des difficultés d’accès à l’écrit. Une synthèse remarquable.

On connaissait la dysphasie, la dyslexie, la dysorthographie, la dyscalculie..., de Guy Trigalot.
Un savoureux billet d’humeur à propos des modernes Diafoirus qui pontifient dangereusement sur les difficultés d’apprentissage des enfants.

Deux billets d’humeur de Daniel Calin : Du bon usage de la “dyslexie” et Mon orthophonie.


Réflexions sur l’entrée dans la culture écrite
Présentation de la rubrique  Au-delà des polémiques circonstancielles, voici, sur ce site, quelques réflexions fondamentales sur les problématiques complexes de l’entrée dans la culture écrite :

De la porte de l’école à la porte de l’écrit (Daniel Calin). Voir en particulier les références biblio­graphiques indispensables qui suivent cet article.

Les difficultés de l’apprentissage de l’écrit pour des personnes en situation précaire (Daniel Calin). Réflexions sur les difficultés d’apprentissage de l’écrit et d’inscription en France des migrants et de leurs enfants.

Une critique radicale des “manuels de lecture” : Au jeu de l’offre et de la demande (Laurent Carle).

Une série de compléments à l’article ci-dessus : L’apprentissage « facile » de la lecture, I, II, III et IV (Laurent Carle).

D’une façon plus générale, la plupart des articles de La Tribune de Laurent Carle gravitent autour des problèmes posés par la pédagogie de la lecture.

Les articles d’Eugène Michel reviennent régulièrement sur la place de l’invention de l’écrit dans l’histoire humaine.



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Dernière révision : dimanche 06 octobre 2013 – 16:00:00