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Chronique 4
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Un texte de M. Barthélémy
 

Dans mon escarcelle, en plus de la centaine d’élèves dont je suis la scolarité en classe ordinaire, je compte le suivi d’un IME pour jeunes handicapés mentaux et polyhandicapés, deux CLIS 1 et une UPI 1 (dans le “champ mental”, donc). C’est de cette dernière dont je souhaite vous entretenir aujourd’hui.

Confiée à une collègue en fin de carrière qui en a assuré l’ouverture il y a une petite dizaine d’années, cette unité pédagogique accueille onze jeunes dont les difficultés ne leur permettent pas d’être scolarisés à plein temps dans une classe ordinaire, même avec un projet personnalisé de scolarisation, mais qui peuvent bénéficier d’une intégration au sein d’un collège. Ils sont onze cette année, bien que la loi fixe le seuil d’admission à dix élèves, l’Éducation nationale étant frileuse dans les ouvertures nécessaires de dispositifs et la MDPH pas toujours assez regardante sur les orientations qu’elle prononce...

Et onze élèves au lieu de dix, n’en déplaise aux humeurs chagrines, dans ce type de classe, ce n’est pas la même chose. Chaque élève bénéficie d’un projet individualisé qui articule temps de présence au sein de l’UPI, temps de soins à l’extérieur du collège, temps d’inté­gration dans des classes ordinaires, temps de stage en entreprises pour les plus âgés qui s’apprêtent à quitter le collège. L’enseignante “jongle” avec les emplois du temps, accordant à chacun le temps individuel dont il a besoin pour avancer dans ses apprentissages, tout en préservant du temps collectif pour que sa classe se constitue en groupe, selon le vieil adage jamais démenti de la pédagogie instaurée par Célestin Freinet : « C’est à plusieurs qu’on apprend tout seul ».

Quand on rentre dans la classe d’Isabelle, ce qui frappe, c’est la sérénité qui s’en dégage. Pas un mot plus haut que l’autre, les élèves à l’unisson de l’enseignante, ferme et bienveillante, qui les considère pour ce qu’ils sont, de jeunes adultes en devenir, respectables sans commisération, malgré les limitations qui sont les leurs, et qu’il convient d’accompagner juste au-delà de ce qu’ils sont capables de faire par eux-mêmes. Ils vous accueillent paisiblement, d’un “bonjour” bien posé qui vous regarde dans les yeux, trouvant la bonne distance à l’adulte et retournant à leur tâche les présentations faites. Cette classe, tout à la fois, est une enclave à l’extérieur de laquelle restent toutes les misères du monde et un sas vers cet extérieur pour s’ouvrir au monde et à ses âpretés. Les élèves y apprennent l’autonomie, grâce à un cadre lisible et rassurant ; l’acceptation de l’autre, même s’il fait irruption dans leur monde et semble les agresser ; la confiance dans leurs capacités, grâce à une pédagogie qui les valorise sans les duper.

Cette classe, à mes yeux, règle définitivement le débat malhon­nête que les “républicains” (?) intentent aux pédagogues : il est des lieux dans l’école où les valeurs de la République sont vivantes car elles s’incarnent dans des collègues qui leur laissent leur chance en les laissant vivre. Tout simplement...

M. Barthélémy
16 septembre 2008

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Pour écrire à M. Barthélémy : “monsieurbarthelemy–AROBASE–gmail.com” (...en remplaçant bien sûr “–AROBASE–” par “@”)

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